L'Entrainement Hivernal des Sportifs de Haut Niveau en Canoë-Kayak Slalom
Du mal à se motiver pour mettre les fesses dans un bateau car il fait un froid de canard ?
Dans l’attente que le soleil se pointe pour mettre le nez dehors tout en espérant progresser pour être meilleur la saison prochaine ?
Ou en train de fantasmer sur une séance technique à Penrith, à enchaîner les stops stops sur Main Wave et se dorer la pilule à Bondi Beach un dimanche après-midi ?
On a tous un rêve, mais si tu as répondu trois fois oui, il ne se réalisera jamais. Sauf si tu es prêt à braver le froid comme un homme (ou une femme), que tu lis cet article, et que tu as une soif inexorable de dégoupillage de stops.
L'entraînement hivernal est indispensable à quiconque, terrien ou extraterrestre, souhaitant obtenir un cardio de monstre pour fumer un maximum de compétitions l’été prochain !
Il va falloir se la coller dur pour y arriver et le faire intelligemment.
Afin de te guider dans ta préparation polaire nous avons interrogé ces 3 hyper êtres du slalom qui ont accepté de révéler les ingrédients d’un entraînement hivernal réussi.
- Pierre-Antoine TILLARD (PAT), canoë homme monoplace français, vainqueur de la coupe du monde de Pau 2015 ;
- Anatole DELASSUS (TOL), kayak homme monoplace français, champion du monde et d’europe Junior en 2019, membre de l’équipe de France sénior 2020 ;
- Thomas KOECHLIN (KOECH), canoë homme monoplace suisse, vice-champion d'Europe 2017.
1. Quelle est ta semaine type d’entrainement en hiver ?
Réponse PAT : “Ces dernières années pas beaucoup de changement, beaucoup de bateau et un peu plus de muscu.
Cette année, j’essaye de faire autre chose [...]. Ça me fait du bien de couper quelques jours. Quand je remonte dans le bateau, j’ai vraiment envie de ramer. C’est le premier confinement qui m’a appris ça…”
Réponse KOECH : “Des séances longues. 4 aérobies à basse intensité, un gainage, 2 muscus, 2 techniques eaux vives et 2 séances dans d’autres sports (ski, surf, course à pied, tennis)”
2. Est-ce que tu t’entraines quand il fait moins de 1° ? En bateau ou autre ?
Réponse PAT : "On a de la chance, à Pau il ne fait pas trop froid l’hiver. Du coup, c’est rare que j’annule une séance à cause du froid.”
Réponse TOL : “Oui c’est une journée idéale pour sortir la manche courte ! :D Je ne regarde pas le thermomètre tous les jours mais ça a déjà dû m'arriver. En bateau, course à pied ou muscu / gainage pour être en salle au chaud.”
Réponse KOECH : “J’habite à Pau et il fait rarement moins de 1°. Mais oui j’y vais quand même.”
3. Globalement que penses-tu de l'entraînement dans le froid, bien pas bien ? Pourquoi ?
Réponse PAT : “J’étais à Vaires-sur-Marne il y a 15 jours, j’ai jamais eu aussi froid de ma vie. Ce bassin a été construit dans une zone où il y a un espèce de courant d’air constant qui te glace jusqu’au plus profond de toi. Je naviguais avec 3 couches, des manchons etc… C’est compliqué de ressentir quoique ce soit. En habitant là-bas, je pense que je ne tiendrais pas, j’arrêterais !
Pour résumer, l’entraînement dans le froid palois, c’est ok mais dans le vrai froid, j'essaierais de passer plus de temps en salle, de trouver d’autres activités où on se les gèle un peu moins…”
Réponse TOL : “Je pense que l’entraînement dans le froid a des avantages et des inconvénients. Mais l’important n’est pas tant la température qu’il fait dehors, mais la motivation que l’on a pour passer au-dessus de ça. Et puis au final, tu peux trouver des avantages et des inconvénients où que tu sois.”
Réponse KOECH : “Pose pas de problème pour réaliser le travail sur les gammes et l'aérobie de base. Mais à quelques mois des courses cela pose problème car c’est difficile de travailler à vitesse de course avec le matériel de course.”
“l’important n’est pas tant la température qu’il fait dehors, mais la motivation que l’on a pour passer au-dessus de ça.” Anatole Delassus
4. C’est quoi l'entraînement le plus froid que tu aies fait, où c’était ?
Réponse PAT : “Ahah je crois que j’ai tout dit dans le paragraphe du dessus = vent sur Marne.”
Réponse TOL : “J’ai grandi en Savoie et les hivers sont rudes là- bas. Du moins plus rudes qu’à Pau. Je n’ai pas souvenir d’un entraînement en particulier mais je me rappelle de beaucoup de séances sur le bassin de Moutier et de Bourg-Saint-Maurice, sur les eaux glacées de l’Isère, à grelotter, tout violet.”
Réponse KOECH : “Lac d’Annecy , -9°. Mais ça c'était quand j’étais jeune. Maintenant je suis vieux!”
5. Selon toi, quel bassin français est le mieux pour s'entraîner en hiver ?
Réponse PAT : “Go to la Réunion 🇷🇪 !! Je comprends pas pourquoi on fait les Jeux à Paris, le surf c’est à Tahiti, pourquoi le canoë n’est pas à La Réunion, en plus le bassin est plus gros !”
Réponse TOL : “À mon avis, Pau est très certainement le meilleur bassin pour s’entraîner en hiver en France, et même peut-être en Europe. Il répond au standard international et du fait de sa position (sud-ouest de l’Europe), les températures sont relativement douces, le soleil se couche plus tard. Je me suis déjà entraîné au mois de novembre à Prague, la nuit tombe super tôt et c’est donc assez contraignant pour naviguer.”
Réponse KOECH : “Ma baignoire , 39,5 ac mousse. Nan, un hiver à Pau c’est vraiment bien.”
6. Est-ce que tu t'entraînes pendant les vacances de Noël ? A quelle fréquence ?
Réponse TOL : “Oui je vais m’entraîner. Je vais certainement ralentir le rythme pendant quelques jours pour pouvoir profiter des fêtes de fin d’année avec la famille. La fréquence d’entraînement variera entre 1 entraînement par jour et 2 ou 3 séances sur les grosses journées.”
Réponse PAT : “Yes, je m’entraîne pour faire disparaître les excès des repas trop chargés 😂 [...]. On reste en détente, c’est les vacances !”
Réponse KOECH : “Je prends une semaine de pause complète cette année. [...]”
CONCLUSION
Ce qu’il faut retenir des réponses de nos trois champions à propos de l'entraînement hivernal d’un sportif de haut niveau en canoë-kayak slalom :
Préférez un entraînement malin quand il fait froid en privilégiant le volume avec un maximum de séances en aérobie et un travail au chaud en salle de musculation ; alternez les activités pour varier les plaisirs, allez courir comme Anatol, ou faire du tennis avec Thomas. Développez votre endurance et votre coordination en relevant de nouveaux challenges : ski de rando/alpin/de fond, surf, etc.
Et n’attendez pas qu’il soit trop tard pour faire une pause. Comme Pierre-Antoine, faites une coupure au bon moment. Cela permet de recharger les batteries et retrouver de la motivation, source divine de la performance.
La récupération fait partie intégrante de l'entraînement, mais savez-vous vraiment comment récupérer physiquement, mentalement et émotionnellement ? Combien de fois par semaine, par mois et pendant combien de temps a-t-on besoin de se reposer ?